Croissant

Contrairement à l’impression première que pourrait laisser ce titre subtil, notre billet du jour n’inaugure pas la page petit déjeuner d’une quelconque rubrique de conseils culinaires. Que nenni ! Aujourd’hui, il est question de tenter de comprendre comment et pourquoi nos amis indiens ne quittent pas ce sourire bienheureux.
Il est vrai qu’en énumérant une partie des facettes de la vie sur le sous-continent, l’interrogation prend tout son sens. 25% des habitants vivent sous le seuil de pauvreté, la pollution atteint des records, le bruit est omniprésent, la densité de population est étouffante, le climat éreintant alterne chaleur suffocante et moussons cataclysmiques, les espaces verts sont aussi rares en ville que les blagues marrantes chez les Grosses Têtes… Bref, vous l’aurez compris, à défaut d’être Vijay Mallya et de dormir sur un Everest de roupies, la vie ne parait pas amener naturellement à une déformation rigolarde des babines inferieures. Or, répétons-le, les indiens sont joyeux et leur sourire permanent.
D’humeur philosophe, je m’interrogeai donc sur le sujet un soir dernier, étendu sur ma terrasse. Tel le sage pendant un stage intensif de Sula rouge AOC 2005, je me creusai les méninges activement entre chaque gorgée, quand la réponse vint à moi aussi évidente qu’une scène sous la pluie dans un film de Lelouch.
Si chaque soir en vous endormant, la dernière chose que vous voyez est un sourire, vous vous lèverez avec le même agréable rictus. Et ce sourire du soir, il suffit de lever les yeux pour le contempler. En effet, l’astre lunaire en Inde présente un croissant horizontal, alors qu’il est vertical à Paris. Ici, la lune rigole. Ca parait idiot, mais je vous promets qu’en la regardant, elle m’a donne envie de rire… et ce n’est pas l’effet du vin. Enfin, je crois !