Udaipur, la cité blanche

Il est dans l'art du voyage un plaisir sain et toujours renouvelé, à la découverte d'autres lieux et de mutiples gens. Par moment néanmoins, la seule évocation d'un nom procure déjà sa part d'évasion. Le Rajastan fait certainement partie de ces régions du monde qui appellent notre intellect engourdi par le rythme d'un quotidien blafard et métronome à une rêverie dans les arcanes d'un passé prestigieux et parfois regretté.
Qui n'a au moins une fois promené les destinations de ses songes autour des brumes d'un palais sis au milieu d'un lac, incroyable demeure d'un Maharadja invicible et puissant ? Qui n'a imaginé ses fantastiques armées, parcourant à dos d'éléphants les terres arides d'une région reculée, pour vaincre un félon ennemi venu y chercher querelle ?
Ici à Udaipur, les palais et les lacs renvoient les images et les couleurs de ces temps anciens où des rois aux larges turbans régnaient sur l'Inde sans partage. Sur le lac Pichola, se dressent majestueusement les palais du Maharana Udai Singh II, telles des forteresses aux contours éclairés par le rougeoiement du soleil couchant. Au milieu de l'étendue d'eau, Jag Mandir, délicat bâtiment du 17ème siècle, résonne encore des réceptions grandioses tenues par le Maharana Karan Singhji. Enfin, le Palais du Lac se reflète dans les ondes calmes de Pichola et semble nous inviter à demeurer là, dans les chambres luxueuses de ce palace devenu hôtel, pour y savourer le calme et la volupté d'une vie sans souci.
Comme pour renvoyer l'image de ces constructions somptueuses, la population elle-même semble nantie d'une noblesse particulière. Malgré la misère, les regards sont francs, les fronts sont larges, la tête est fière. Nous sommes au pays des rois, et en dépit du prisme déformant de l'Inde d'aujourd'hui, tout encore semble vouloir le prouver.