Différences culturelles

Au terme d'un certain nombre de mois passés sur le sous-continent, on se prend aisément à penser qu'on a fait le tour de la question indienne et que les différences culturelles sont totalement assimilées et rangées dans les brumes de notre oubli.
En organisant une formation inter-culturelle au bureau, entre collègues expatriés et indiens, nous avons pu constater que ce n'est pas aussi simple qu'il y parait. Afin de vous faire profiter, éminents lecteurs adorés, du savoir durement acquis à cette occasion, je vous propose un résumé des moments les plus... culturels.

Parmi les agacements certains de l'européen lambda travaillant dans un open-space en Inde, la gestion d'un rhume est probablement l'un des plus importants. En Inde, on ne se mouche pas, on renifle... de préférence de façon très sonore et sans sourciller. Une des mes collaboratrices allemandes n'y tenant plus, débarque dans mon bureau exaspérée. "J'en ai marre, c'est insupportable ces reniflements à longueur de journée...". Il est vrai que ce jour là, trois employés locaux sont touchés par un rhume, bienfait de la climatisation autochtone.
Elle ne manqua pas de signifier cet exemple lors de la formation... pour se voir finalement répondre à peu prés la même chose mais en sens inverse. Pour les indiens, se moucher est totalement impoli, impur, voire choquant. S'appuyant même sur une thèse que renifler est bon pour la santé (!), il fut impossible de mettre tout le monde d'accord. Finalement désormais, les jours de rhume, certains reniflent et d'autres... changent provisoirement de bureau !

Certains efforts de rapprochement des cultures se soldent parfois par une incompréhension mutuelle. Nos germaniques favoris ramènent de chaque escapades en terre bavaroise un chapelet de bonnes saucisses typiques et odorantes. Même si l'idée de départ était plutôt sympathique, puisqu'il s'agissait de les faire goûter à tous les collaborateurs présents, la préparation de ces spécialités culinaires dans le bureau, de bon matin, a provoqué un mouvement d'exil important de nos collègues. En fait, cuisiner dans un bureau est inacceptable pour eux, surtout qu'une majorité est végétarienne. Ici, dans la plupart des restaurants, il existe deux espaces séparés pour cuisiner : d'un côté les préparations végétariennes, de l'autre les mets incorporant viande, poisson ou oeufs. Donc, cuisiner des saucisses dans un open-space est plus qu'un affront culinaire car cela met en jeu une notion presque religieuse de la nourriture.

Ce que tous les participants retiendront de cette journée, c'est qu'on ne change pas la culture des autres. On a beau comprendre, il est parfois difficile dans les aléas du quotidien de toujours accepter ces différences. Néanmoins, tous ont démontré une réelle volonté d'ouverture et de tolérance. C'est déjà une immense victoire.