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Incredible Mumbai
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Incredible Mumbai
5 mars 2008

Galère ordinaire

Il y a des jours où la perspective de se retrouver chez soi, allongé dans le canapé, à regarder une ineptie télévisée quelconque au son des chips qui agonisent sous la pression de nos molaires avides, revêt une joie particulière empreinte de flemmardise innocente et d'oubli des conseils diététiques.
Ce vendredi avait tout pour exciter chez moi l'envie de cette paresse récupératrice, après un long périple à Delhi. Levé à 5 heures du matin pour attraper mon avion, l'aéronef du retour ne pose les roues que tard dans la soirée, me permettant d'atteindre mon domicile vers 23:30. Je suis à ce moment dans un état de fatigue proche de celui d'un poisson rouge au terme de la traversée de l'Atlantique par la face nord. Bref, je n'envie qu'une chose : me poser et ne rien faire.
Au moment où le chauffeur me laisse devant l'immeuble, j'esquisse déjà un petit sourire en prévision des instants de repos qui se présentent. Je pénètre dans le bâtiment et presse la commande de l'ascenseur. Silence total, rien ne se passe. J'ai beau insister sur l'innocent bouton, l'ascenseur reste aussi immobile que l'intelligence d'une vache au passage du TGV. Panne totale me confirme le gardien dans un anglais approximatif, tout en me faisant comprendre que le technicien passera demain.
Qu'importe cet aléa, mon canapé m'attend. Je saisi ma mallette d'une main et commence l'ascension des 12 étages qui me séparent de mon nirvana bien mérité. Je tombe la cravate au 6ème et la veste au 10ème. Par plus de 30 degrés, chaque étage me parait une éternité à franchir. Soudain, surprise de la soirée, une porte inconnue me fait face, au 11ème. Que fait donc cette barrière au milieu de l'escalier de secours ? Bien évidemment je n'en ai pas la clé...
Il me faut redescendre et discuter avec le gardien. Je le croise sur le palier du rez de chaussée, moi en sueur tel un athlète au terme d'un marathon. Il me sourit et me tend une clé : "It is ok sir, it is ok". Il ne pouvait pas me la donner avant non ?
Je retourne gravir les marches une à une. En arrivant face à la porte, mon rythme cardiaque danse la lambada et on croirait que je fais un concours de tee-shirt mouillé. Le sésame du gardien ne rentre pas dans la serrure... Je crois que je vais hurler. Une nouvelle fois, je descends les escaliers. Le préposé à la sécurité perd son sourire en me voyant. Il sait que je suis à bout de patience. Il m'indique son incompréhension d'un regard. Nous fouillons ensemble le bureau du manager de l'immeuble et un tiroir déborde de divers trousseaux et clés. Miracle, l'une d'entre elles porte une étiquette ne laissant aucun doute sur son utilité. Ouf !
Pour la troisième fois, j'entame l'escalade vers mon appartement. La température est insoutenable. Ma mallette semble peser des tonnes et ma vue se brouille des gouttes de sueur qui perlent de mon front. Arrivé face à l'obstacle scellé, je saisi le rossignol. Miracle, il rentre dans la serrure. Dans quelques secondes je serai chez moi... Je tourne l'objet, le tourne encore et encore... La clé tourne dans le vide ! Après avoir franchi 66 étages en moins d'une heure, mon sens de l'humour devient trés approximatif. Je cherche vaguement la camera cachée. C'est une blague forcément. Il n'y a pas de caméra, c'est juste une galère ordinaire à Bombay.
Dépité, à bout de ressources, je reprends la direction du plancher des vaches. J'envisage plusieurs hypothèses pour la suite de la soirée, entre dormir sur le palier, aller chez un copain, louer une chambre d'hôtel, engager un tueur à gages contre l'architecte ou aller me plonger dans les vapeurs d'un cocktail salvateur au bar du coin. Arrivé au pied de la cage d'escalier, je passe devant les ascenseurs. Une petit loupiote rouge clignote prés de l'interrupteur. Machinalement j'appuie sur le bouton... et l'ascenseur s'ouvre ! Haaaaaaaaaarg ! C'est décidé, demain je ferai un pooja pour éloigner le mauvais sort !


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