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Incredible Mumbai
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Incredible Mumbai
17 janvier 2008

Brazil

Aprés mon expérience cocasse pour la demande de permis de conduire, je pensais avoir approché l'apogée du système administratif indien. Que nenni ! N'en déplaise à Terry Guilliam, la journée d'hier m'a donné l'occasion de rencontrer le ténor indiscutable, le champion du monde incontesté de la complication inutile et grotesque des process admistratifs et bureaucratiques. Plus que cela, je crois avoir croisé le demi-dieu de la non-gestion ou plutôt l'athlète de la paresse absolue.
Plantons un instant le décor. En premier lieu, il faut savoir qu'ici, il est vivement recommandé de faire enregistrer son bail d'appartement auprés des instances compétentes. En effet, sans cette mesure préventive, il arrive que des propriétaires peu scrupuleux louent deux fois le même logement... et empochent les dépots de garantie, laissant les locataires se débrouiller entre eux.
Me voilà donc hier matin face au bureau d'enregistrement des baux locatifs, accompagné de quatre personnes indispensables au bon déroulement de l'opération: notre avocat, le propriétaire, l'agent immobilier et un collègue, co-signataire des documents. Notre agence pénètre dans les lieux et aprés une courte vérification nous demande de rester à l'extérieur pour attendre notre tour. Une interminable heure d'attente plus tard (alors que nous avions rendez-vous...), nous entrons enfin dans ce sanctuaire de la bureaucratie. La salle ne fait guère plus de 30 mètres carrés, mais une foule compacte s'y presse. Tel Moïse traversant la mer Rouge, nous avancons vers le centre de la pièce, à mesure que le flot de personnes s'écarte.
Face à moi se dressent un bureau et son occupant. Le meuble ressemble à une île entourée de milliers de dossiers empilés les uns sur les autres. Il y en a partout, devant, au dessus, en dessous probablement. Chaque mur de la pièce est tapissé de ces documents qui s'additionnent dans un capharnaüm des plus comiques, sauf peut-être pour celui qui cherche à trouver une information...
L'homme derrière le bureau est le grand manitou des lieux. Il ressemble à une caricature vivante de Casimir avant sa lipo-succion: petit, adipeux, vautré dans son fauteuil, le ventre appuyé contre le bord du bureau (ne sachant pas lequel des deux tient l'autre), il arbore fièrement une bague clinquante à tous les doigts de chaque main. Sa montre est tellement imposante et ostentatoire, qu'on la croirait sortie d'un trésor pour Ali Baba bodybuildé. Le personnage me fait face, le regard disproportionné par les lunettes de myopie qui accentuent ses yeux de crapaud tchernobilisé.
"Surtout ne pas rire", me dis-je en m'apprétant à le saluer. Mon agent stoppe mon élan instantanément. On ne parle pas à cette divinité technocratique. On nous fait assoir et nous assistons en live au sketch incroyable d'un sumotori administratif passant sa journée au travail. Je crois l'avoir aperçu faire un effort... lorsqu'il a levé une paupière pour regarder l'heure. Pour le reste, rien ne se passera. Il ignorera avec dédain notre présence malgré les efforts de notre agent pour communiquer avec lui via ses sbires. A quatre heures précises, il quitte la pièce, laissant son fauteuil orné d'une immense tache de sueur et notre requète sans suite. Mon seul regret est de ne pas avoir pu le prendre en photo. Dommage !

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